Nous nous accrochons à des fragments d'existence, les désarticulons. Nous les transformons à l'infini. Comme un langage, les distorsions d'une anagramme, d'un calligramme. Nos incantations. Les verbes sacrés, les paroles maniées, scintillent dans nos charmes. Elles forment savamment une sorcellerie évocatoire. Poésie du rite et de la transformation. A l'aube, nous avons imité les sons environnants en echo; puis les avons retranscrits en voix, puis en paroles. Nous avons orchestré la musicalité du langage, prononcé sa forme, formulé sa structure. Au sein du langage nous avons sacralisé le verbe. Le verbe, au sein de la bouche, l'a sculpté. Le langage accoutumé, du bout de la langue, a restructuré notre anatomie. L'encéphale a modelé sa plasticité neuronale face a l'élasticite du langage. Plasticité et connaissance tactile. Structurer le son, le saisir, le toucher. Le digérer, le transformer. Nous sommes des corps organiques, les matières du son, qui s'acharnent à le rendre palpable. Constitué comme notre matiere grise, et ses connexions rhizomatiques, le réseau, comme plateforme de communication, tisse sa toile. Les mouvements se diffusent, sur ou entre ses mailles ; sur sa cartographie virtuelle, réalite parallèle à nos corps. Ils battent les records de l'instantané dans l'espace planétaire. Nous développons un langage informatif, engendrons des variantes, créons des sous-systemes. Hors-systemes. Les velours de l'underground qui se dresse face au système dominant. Nos minorités ont un devenir potentiel, elles sont la puissance de variation face à la rigidit du pouvoir majoritaire. Elles fondent notre avenir, notre transformation, notre innovation, Notre Art.